* Ogée (1780) :
" Dans cette paroisse, sur le rivière de Blavet, on voit des
vestiges d'un ancien temple consacré à Vénus*. C'est parmi les ruines de
ce temple qu'on trouva la statue gigantesque qu'on voit aujourd'hui dans
la cour du château de Quinipily. Les habitants de la campagne avaient
tant de vénération pour elle, qu'ils lui rendaient le culte le plus
assidu. Les évêques, voulant abolir ces criminelles pratiques, prières,
dans le XVIè siècle, le seigneur de Lannion, gouverneur des villes de
Vannes et d'Auray, de la faire transporter à son château de Quinipily. Ce
seigneur, à qui elle n'appartenait pas, l'acheta du possesseur, et envoya
ses vassaux la chercher. Ceux-ci trouvèrent, en arrivant au temple, une
troupe de paysans qui s'opposèrent à l'enlèvement de cette idole. II fallut en
venir aux mains pour décider lequel des deux partis la posséderait. La
victoire demeura à ceux de Quinipily, qui transportèrent cette statue au
château de leur
seigneur, où elle fut placée dans la cour. Les gens de la campagne étaient si persuadés de sa
puissance, qu'ils allaient en secret lui rendre leurs hommages et lui faire
des offrandes à Quinipily. II n'y a pas encore cinq ans qu'on trouva des pièces de
monnaie dans une espèce de bassin qui est devant elle. Sur sa tête sont écrits
ces deux mots bretons : Groa hoarne, qui signifient bonne
femme. Si l'on fait attention a sa grosseur et à son poids, on a peine
à concevoir comment on a pu la transporter où elle est actuellement.
Cette statue a causé entre les maisons de Lannion et de Rohan un procès dont on ignore la décision". |