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Histoire. Istor

par OGEE, 1780

 

Guérande; par les 4° 46'48" de longitude, et par les 47° 19' 10" de latitude; à 14 lieues 1/4 de Nantes, son évêché, et à 22 lieues 1/3 de Rennes. Ses armes sont des hermines pleines, en losange, soutenues par des lions casqués; elles se voient sur la porte de Sauvetout, de Nantes, dont le véritable nom est porte de Guérande. Les villes du Croisic et de la Roche-Bernard sont réunies à son gouvernement. On trouve à Guérande une communauté de ville, une jurisdiction royale, un siège royal de police, une subdélégation, une brigade de maréchaussée, une poste aux lettres, deux hôpitaux; deux couvents, les Jacobins et les Ursulines; et un marché tous les mercredis et samedis, où il se vend du froment et autres grains, apportés par les paludiers, qui retirent ces grains de toute la Bretagne en échange de leur sel. La communauté de ville a droit de députer aux Etats. Toutes les fois qu'elle s'assemble, le chapitre y envoie deux députés, et trois anciens gentilshommes y assistent en qualité de propriétaires de maisons. Elle est composée d'un maire, d'un procureur du roi syndic, d'un miseur et d'un greffier. Soixante-treize jurisdictions, hautes, moyennes et basses-justices, qui relèvent en proche et arrière-fiefs du roi, ressortissent au siège royal de Guérande. Les paroisses qui relèvent de ce même siège sont an nombre de quatorze. — II y avait autrefois une amirauté et une prévôté, qui furent supprimées en....... L'évêque de Nantes, inféodé de la seigneurie de Guérande, à l'exception des places publiques, y possédait une officialité avant l'édit du clergé de l'an 1695. Ce prélat n'y a plus que sa jurisdiction des Régaires. Le siège royal de police est composé d'un lieutenant-général, d'un procureur du roi, d'un greffier et de deux commissaires de police pour les rapports. Les seuls perruquiers ont maîtrise à Guérande. Cette ville avait autrefois trois paroisses, qui étaient : Saint-Aubin, Saint- Michel, et Notre-Dame de la Blanche, qui n'en forment plus qu'une sous le nom de Saint-Aubin. L'église paroissiale est une collégiale royale qui a douze chanoines, outre deux prébendes pour deux autres chanoines qui représentent les anciens recteurs, et deux portions canoniales affectées, l'une au vicaire perpétuel, à la nomination du chapitre, qui est recteur de Saint-Aubin, et l'autre au régent, qui est obligé d'enseigner gratuitement les belles-lettres à tous les enfants de la ville qui se présentent. Les chanoines sont recteurs primitifs; ils confèrent les bénéfices du territoire, et dîment alternativement dans chaque canton avec l'évêque. La paroisse de Guérande contient 12000 habitants, y compris ceux de la Madelaine, de Carheil, de Clis, de Trescalant et de Saille, ses trêves, qui sont considérables. Saille est situé au milieu des marais salants, et uniquement habité par des paludiers. Toute la partie du midi de Guérande est bâtie sur un coteau planté en vignes, dont le vin devient exquis à vieillir; dans la plaine sont les œillets des marais salants, qui, avec ceux du Croisic, du bourg de Batz, du Pouliquen, de Mesquer et de Saint-Molf, situés dans le même canton, font un nombre de 35,000 œillets, qui peuvent rapporter, année commune, chacun 5 livres de revenu. Le cultivateur n'a que le quart de la récolte. Le reste du pays, quoique très- peuplé, contient beaucoup de landes. Outre le commerce du sel et de grains, les Guérandais ont encore une manufacture d'étoffe de serge brune, qui sert à habiller les gens de la campagne. Les laines qu'on y emploie sont filées par les cent pauvres qu'on nourrit et entretient au Sanitat. Cette maison n'a que 100 pistoles de rente; elle est établie comme hospice — Les jurisdictions suivantes s'exercent à Guérande : Careil, haute-justice, à M. de Fouches; Cremeur et Keredin, haute-justice, à M. de Rohan-Chabot; Cardinal, haute-justice, à M. de Kercedin, alloué du présidial de Vannes; la jurisdiction des régaires, haute, moyenne et basse-justice, à M. l'évêque de Nantes; Merionnet, haute-justice, à M. de Sarant; Kerongat, moyenne-justice, à M. de la Boulais; Lesneven en Guérande et Lennilis, moyenne-justice, à M. de Ses-Maisons; l'Auvergnac, moyenne-justice qui s'exerce au village de Clis, en la paroisse de Guérande, à M. de la Bourdonnaye de Bois-Hulin, procureur-général-syndic des Etats de Bretagne; Cremeur en Clis, basse-justice, à M. de Rohan Depoldux, grand-maître de l'ordre de Malte; Colveux, basse-justice, à M. de l'Eclie; Kerpont-d'Armes-Michinot, basse-justice, à M. de Keroandu; Beaulieu, moyenne-justice, à Mme de la Boissière.

Guérande doit ses commencements aux Romains, qui y avaient une garnison : ils en furent chassés, en 448, par les Armoricains, sous la conduite de saint Germain d'Auxerre; mais ils y retournèrent bientôt après, et y bâtirent une forteresse, connue sous le nom de Grannone, l'an 470 de Jésus-Christ, comme le rapporte M. de Valois dans sa Notice. Cette forteresse était occupée par une forte garnison, qui tenait bloqués, depuis plus de trente ans, les Saxons qui s'étaient retranchés et cantonnés eu Croisic. La nécessité qui força les Romains de retirer une partie de leurs troupes de ce lieu donna moyen aux Saxons de se répandre dans la campagne, où, ayant appris ce qui était arrivé à Riotime et à son armée, ils se jetèrent sans crainte dans le territoire de Nantes, qui était alors fort dépeuplé et qu'ils désolèrent par leurs ravages. Ils s'en retournèrent chargés de butin au Croisic, où ils se reposèrent quelque temps, et recommencèrent leurs courses et pillages. Les Romains avaient encore, eu 497, une garnison à Grannone ou Guérande, pour contenir les Saxons qui s'étaient réfugiés au Croisic. — L'an 560, il fut donné, auprès de Guérande, une sanglante bataille entre Clotaire, roi de France, et Conobre, dit Conan. (Voy. Nantes.) — L'an 850, Gilard fut pourvu de l'évêché de Nantes, en la place d'Actard, que Nominoé chassa de son siège, parce que ce prélat était trop attaché à la France. Mais l'an 855, Actard ayant été rétabli sur son siège par Erispoé, fils et successeur de Nominoé, Gilard se trouva évêque sans siège. Il se retira à Guérande, et fut assez heureux pour conserver la moitié du diocèse, que cet événement fit appeler Lamée, et qui forme encore aujourd'hui l'archidiaconé de Lamée. Les autres évêques prononcèrent contre lui, mais en vain, une sentence qui le condamnait à passer le reste de ses jours dans le cloître de Saint-Martin de Tours. En 857, Salomon, meurtrier et successeur d'Erispoé, son cousin-germain, fonda le chapitre de Saint-Aubin de Guérande pour Gilard, qui y vivait toujours comme évêque. Le prince, qui ne voulait pas que ce prélat cédât à ses confrères, lui fit bâtir un palais dans une rue de la ville qui se nomme encore la rue de l'Evêché. On remarque dans l'église de Saint-Aubin, bâtie par le même Salomon, des mitres et des crosses en relief sculptées sur les murailles, des évêques peints sur des vitraux et une chaire épiscopale eu pierre, pratiquée dans l'épaisseur du mur d'une des tours du frontispice. Au dessus de l'avant-chœur est un Christ d'argent massif, de la hauteur de cinq pieds trois pouces, proportion commune d'homme. On ignore qui a fait un si riche présent à cette église, qui a toujours conservé le privilège de prendre place immédiatement après la cathédrale, à tous les synodes et assemblées du clergé de ce diocèse, ainsi que la qualité de second siège épiscopal de Nantes, dans tous les aveux du chapitre, indépendamment de plusieurs autres droits et privilèges de cathédrale, dont elle a toujours joui depuis sa réunion au diocèse de Nantes, tels que ceux d'avoir ses grands-vicaires, official et promoteur, tirés du corps de son chapitre, qui est le collateur ordinaire de tous les simples bénéfices de son territoire, qui sont au nombre de plus de deux cents, droits qui approchent de ceux des évêques. Gilard mourut sans successeur, l'an 895. Les limites de cet ancien diocèse, qui comprenait entre autres l'archidiaconé de Lamée, sont fixées par une carte conservée dans les archives de l'église cathédrale de Nantes.

Le duc Jean III, voulant reconnaître les services que les moines de Saint-Sauveur de Redon rendaient à son père, qui s'était retiré dans leur abbaye, exempta les vassaux de Guérande des tailles qu'ils avaient coutume de lui payer. L'acte en fut passé en présence de la duchesse Ermengarde et de plusieurs barons; mais on ignore en quelle année : tout ce qu'on sait, c'est que Jean monta sur le trône en 1312, et qu'il mourut en 1341 (l). L'an 1342, Louis d'Espagne, après s'être emparé des vaisseaux qu'il trouva dans le port du Croisic et les avoir remplis d'Espagnols, de Génois et de quelques Français, vint assiéger la ville et le château de Guérande. Cette place, après quelque résistance, fut prise d'assaut, et tous ses habitants passés au fil de l'épée, sans distinction d'âge ni de sexe. L'ennemi mit le feu à cinq églises, de la ville et des faubourgs, et détruisit tout le reste. Cette inhumanité fit horreur au général vainqueur lui-même, qui, selon les historiens, fit pendre les plus coupables de son armée, et se retira ensuite du côté de Quimperlé. — Le Grand-Trait, où sont situés les marais salants, s'étendait alors jusqu'auprès de la ville, de sorte qu'on pouvait s'y rendre par mer : les marais étaient alors en très-petit nombre.

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(1) En 1311, le duc Arthur II donna la seigneurie de Guérande à son fils. Jean de Montfort.

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L'an 1343, cette ville était l'apanage de Jean de Montfort : on y frappait monnaie au nom de ce comte (1), qui ordonna à Guillaume du Verger, son lieutenant, de faire creuser des fossés, et de renfermer Guérande par de fortes murailles. Le grand-vicaire du lieu, voyant que ces travaux occasionaient la perte de plusieurs maisons, arbres et fossés de la dépendance du fief de l'évêque, voulut s'y opposer, Guillaume du Verger en appela à la cour plénière du duc, où il comparut, et protesta que son dessein n'avait jamais été de préjudicier à l'évêque de Nantes et à son fief, ni d'acquérir au duc une nouvelle possession; il fit ensuite continuer les travaux, et le grand-vicaire se contenta de cette déclaration.— L'église de Notre-Dame de la Blanche fut bâtie, l'an 1348, par Jean IV, comte de Montfort : elle fut une des paroisses de cette ville, comme on l'a déjà dit. — Après la mort de Charles de Blois, tué à la bataille d'Auray, le 29 septembre 1364, la comtesse Jeanne de Bretagne, son épouse, qui était à Nantes, implora le secours de la France, par l'entremise du duc d'Anjou, son gendre; mais le roi, qui craignait que le comte de Montfort ne rendît hommage au roi d'Angleterre, aima mieux terminer la guerre par un traité qui fut conclu à Guérande, dans l'église de Saint-Aubin, le 12avril 1365. Jean de Craon, archevêque de Rheims, pair de France, conseiller du roi, fut député par Sa Majesté pour la confection du traité. Les lettres de Charles V étaient adressées à Jean le Meingre, maréchal de France, et elles furent publiées devant le grand-autel de l'église collégiale de Saint-Aubin de Guérande, le samedi saint, en présence de Jean de Bretagne et des procureurs de Jeanne de Penthièvre, qui étaient Huë de Montrelaix, évoque de Saint-Brieuc; Jean de Beaumanoir, et Gui de Rochefort, sire d'Asserac. Ce traité portait que Jean IV serait reconnu duc de Bretagne; que la veuve de Charles de Blois conserverait le comté de Penthièvre et la vicomté de Limoges, dont ses successeurs rendraient hommage aux ducs de Bretagne; mais que, pour elle, elle en serait dispensée, et que Jeanne de Montfort, sœur du duc, épouserait Jean de Penthièvre, lequel succéderait au duché si le duc venait à mourir sans enfants mâles. Il fut en outre décidé que les filles ne pourraient prétendre au duché qu'à l'exclusion de tous les enfants mâles légitimes de la maison de Bretagne. C'est l'indécision de ce dernier article qui avait causé la guerre. — L'an 1373, Guérande fut assiégée et prise par Bertrand Duguesclin, connétable de France. L'an 1379, Olivier de Clisson en fit aussi le siège; mais elle fut si bien défendue ...

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(1) Le comte de Montfort se portait alors comme duc de Bretagne, Jean III étant mort l'année précédente. C'est à ce titre contesté par Charles de Blois, aux droits de sa femme, qu'il faisait battre monnaie. — On ne voit pas qu'en ce pays aucun seigneur, autre que le souverain, ait eu droit de monnayage. C'était de même en France, depuis les rois de la troisième race.                        De B.

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... qu'il fut obligé d'abandonner son entreprise. — L'an 1381, le duc Jean IV fit la paix avec le roi de France Charles VI, et députa Jean de Beaumanoir pour la signer et jurer en son nom. Elle fut ratifiée avec toute la solennité possible, le 4 avril de la même année, dans la chapelle de Notre-Dame de la Blanche de Guérande. — Jeanne de Hollande, épouse de Jean IV, mourut sans postérité, en 1385. Jean épousa, eu troisièmes noces, Jeanne, fille du roi de Navarre et de Jeanne de France; la princesse fut conduite par mer en Bretagne. Elle était accompagnée du seigneur de Châteaugiron, grand chambellan; et lorsque le navire fut arrivé à Guérande, le duc son époux s'y rendit, et le mariage se célébra dans la chapelle de Saint-Clair de Saille, le mardi 11 septembre 1386. Les prélats et principaux barons et seigneurs de la province assistèrent à la cérémonie. La duchesse reçut pour douaire, par lettres du 14 février 1387, les villes et château de Nantes et de Guérande, la baronnie de Retz, avec le château et la châtellenie de Touffou, situés dans la paroisse du Bignon. La princesse Jeanne était partie de Navarre le 12 juin; la dépense de son voyage monta à 3,396 livres, somme que le duc paya en entier. Le marc d'argent valait alors 5 livres 5 sous (1). — Le couvent des Jacobins ou Dominicains de Guérande fut fondé l'an 1408, par le duc Jean V, qui en posa la première pierre le 16 mars 1409, après avoir obtenu du pape Benoît XIII des bulles qui furent adressées à Gratien, évêque de Quimper. Ce prince donna à ces religieux les œillets des marais salants. Le duc, pour indemniser les chanoines du chapitre de la collégiale d'une chapelle qu'ils possédaient dans l'emplacement de cette nouvelle communauté, leur fit quelques dons, et, de plus, leur compta une somme de 4,000 livres, pour la construction de celle qui subsiste encore aujourd'hui auprès de ce même couvent. La somme ci-dessus ferait aujourd'hui celle de 48,000 livres. Le duc, qui avait beaucoup de dévotion à saint Yves, lui fit dédier cette église. La consécration en fut faite le 9 septembre 1441, en sa présence, et en celle de Pierre et de Gilles de Bretagne, ses enfants. Jean V y établit encore, le jour de la fête du même saint, une foire franche, qui doit tenir à la porte du couvent, accordant aux moines le droit de percevoir les devoirs et impôts des vins qui s'y vendraient par tous les débitants. Ces privilèges leur on tété confirmés par les ducs ses successeurs, et notamment par les rois Louis XIV et Louis XV, par lettres-patentes du mois de juillet 1750. — Les chanoines de Guérande n'avaient souffert qu'avec peine l'établissement des Jacobins dans leur ville. Après la mort du ...

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(1) En 1404, une flotte commandée par le Bâtard d'Angleterre débarqua des troupes sur la côte. Repoussés par les Guérandais, celles-ci brûlèrent, dans leur retraite, deux villages, et enlevèrent cinquante muids de sel (Dom Morice, Hist., t? I, p. 436)

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... duc, arrivée le 28 août 1442, ils voulurent inquiéter ces religieux; mais François Ier, son successeur, leur accorda, le 26 juillet 1446, des lettres de sauve-garde, par lesquelles il déclara les prendre sous sa protection, ainsi que leurs biens, avec ordre à ses officiers de les défendre en droit et justice contre le chapitre de la collégiale et tous leurs autres ennemis. Les mêmes sauve-garde et protection leur furent accordées par le roi François Ier, le 22 mai 1518.

L'imposition des fouages et des octrois dans cette ville n'est pas bien ancienne. Sous le règne de Jean V il fut établi, par ordre de ce prince, une levée de deniers sur tout ce qui s'y débitait. Le produit en fut employé à la fortification de la ville, qu'il fit fermer, l'an 1341, d'un rempart qui la mit en état de se défendre des attaques de ses ennemis, aux pillages desquels elle avait été si souvent exposée. Ce rempart passe pour avoir été un des plus beaux de son temps. Il a six cent vingt toises de périmètre, qui forme l'enceinte de la ville, laquelle a quatre portes d'entrée. Il est construit en pierres de taille, et est défendu par onze fortes tours environnées de larges et profonds fossés qui entourent la ville; mais les eaux qui y croupissent dans plusieurs endroits pendant l'été occasionent, surtout durant les grandes chaleurs, une mauvaise odeur qui se répand dans tous les environs. Sous cette ville sont une infinité de souterrains qui aboutissent tant au dedans qu'au dehors; ils ont leur issue sous la voûte de la porte de Saille, sous laquelle ils avancent environ soixante pieds, après quoi ils se distribuent en plusieurs branches qui aboutissent à différents quartiers (1).

Le 8 septembre 1488, le duc François II étant mort à Couëron, les deux princesses ses filles quittèrent ce lieu pour se rendre à Guérande, où la duchesse Anne reçut du roi de France Charles VIII une ambassade pour lui témoigner la part que ce prince prenait à sa douleur. Ce monarque lui fit en même temps déclarer que son intention était d'observer religieusement le traité conclu au mois d'août dernier. — L'an 1489, le chancelier de Bretagne, Jean d'Epinay, trésorier du duché, et autres officiers de la duchesse Anne, qui s'étaient rendus à Guérande pour y terminer quelques affaires, y furent assiégés par les ordres du maréchal de Rieux. La duchesse y envoya promptement des troupes ...

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(1) En 1472, le duc François II envoya a Rome une ambassade pour demander qu'Amauri dAcigné, qui entretenait les mésintelligences entre le roi de France et le duc de Bretagne, fût destitué de l'évêché de Nantes. Les Guérandais nommèrent deux députés pour se joindre a ceux du duc; ce furent Jean Leprieur et Alain Kerguizic. ( Dom Morice, Hist., t.. Il, p. 117.)  — En 1487, le duc François I étant serré de près dans Nantes par l'armée des seigneurs coalisés, et sur le point de se rendre, cinq cents Guérandais s'y jetèrent, et contribuèrent puissamment à sauver le prince. (Ibid., p. 109.) Ce fut pour récompenser cette belle conduite que le duc ordonna que la porte Sauvetout, de Nantes, serait décorée des armes de Guérande, et en prendrait le nom.

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... commandées par le maréchal comte de Dunois, qui fit prisonniers plusieurs de ceux du parti du maréchal. Lui-même fut traité avec toute la rigueur possible, et trois de ses principaux partisans eurent la tête tranchée, pour avoir osé porter les armes contre leur souveraine. — Le 4 mai 1557, une escadre de douze petits vaisseaux espagnols aborda, vers la pointe du jour, à Chef-Moulin, dans le territoire de Saint-Nazaire, à trois lieues un quart de Guérande. Ces étrangers débarquèrent, mirent le feu à quelques maisons, et s'avancèrent dans la campagne pour y piller. Pierre Goudelin, sieur de Chavaignes, sénéchal de Guérande, averti de ce qui se passait, rassembla environ trois cents hommes, tant de la ville que des faubourgs de Guérande, à la tête desquels il courut à Chef-Moulin, où il arriva sur les neuf heures du matin. Il rangea aussitôt sa troupe en bataille, et chargea les ennemis, qui se rembarquèrent à la hâte et laissèrent sur le rivage la plus grande partie de leur butin. — Le 5 mai 1562, les calvinistes des environs, au nombre de vingt, entrèrent dans l'église des Jacobins de Guérande, où ils brisèrent plusieurs figures de saints qu'ils rencontrèrent, y commirent plusieurs autres sacrilèges, et poussèrent l'impiété jusqu'à mettre sur l'autel de saint Avertin du blé qu'ils firent ensuite manger par des cochons. Pierre Goudelin, sénéchal de la ville, fit à ce sujet plusieurs informations; mais on ignore quelles furent les suites de cette affaire. Il y avait, en 1563, un pasteur calviniste à Guérande, mais sans titre. Ces sectaires tinrent, environ ce temps-là, un synode à la Roche-Bernard. — Par édit du roi Charles IX, donné à Chateaubriand en 1565, les ports et havres du Croisic, Saint-Nazaire, bourg de Batz, Pouliguen, Piriac et les villages qui en dépendent, la châtellenie d'Asserac, les quartiers nommés de Pennetin, et les deux fiefs de Faugaret, commanderie de l'ordre de Malte, au territoire d'Asserac, furent réunis au siège royal de Guérande. — Les Etats assemblés à Nantes, en présence du roi, le 18 août 1614, demandèrent à sa majesté la démolition du château de Guérande et de plusieurs autres, qui leur fut accordée. (Voy Nantes.) Les Etats, assemblés à Guérande le 4 août 1625, accordèrent au roi, en don gratuit, une somme de 500,000 livres, et à la reine celle de 150,000 livres. — L'an 1646, la mère Marie Charette, du couvent des Ursulines de Nantes, vint à Guérande avec quelques autres religieuses, où elles étaient demandées par le chapitre, pour y instruire la jeunesse. La dot de ces religieuses fut employée à acheter, sous la caution du prévôt de la collégiale, une petite maison, avec son enclos, appelée la porte Talon. En 1700, elles obtinrent des lettres-patentes, et des dames portugaises prirent l'habit de cette maison et y firent construire un couvent neuf, qu'elles enrichirent par plusieurs présents considérables, entre autres d'une couronne impériale d'argent massif, enrichie de pierreries, que l'on y voit encore, et que l'on dit venir de la maison régnante de Portugal. — Vers l'an 1650, l'Hôtel-Dieu de Guérande fut établi, comme hospice, par les charités publiques. Il fut d'abord dirigé par une jeune personne de dix-huit ans, qui venait de prendre le voile blanc dans le couvent du Bon-Pasteur de Rennes, et qui de cet endroit fut transférée dans celui-ci, à la demande des habitants. Elle y vécut soixante-quatre ans, et, avant sa mort, on obtint des lettres-patentes pour la fondation de cette maison. Cet hôpital, qui avait été ruiné par la mauvaise administration des Filles de Saint-Thomas, a été rétabli par les bienfaits d'un homme généreux : c'est M. de la Bouexière, sénéchal de cette ville, qui, depuis 1720 jusqu'en 1752, a consacré à son rétablissement une somme de 120,000 livres. Puisse la mémoire de ce citoyen bienfaisant passer jusqu'à la postérité la plus reculée ! — Le chapitre de l'église collégiale conserve dans ses archives un procès-verbal dressé, en 1680, sur la démolition du palais épiscopal, qui, comme je l'ai dit, avait été construit en cette ville. Il fut démoli à la requête de Gilles-Jean-François de Beauveau, évêque de Nantes. — Lettres-patentes de l'an 1750, qui accordent à la communauté de ville de Guérande le droit de sou pour livre revenant au contrôleur des octrois. Arrêt et lettres-patentes de l'an 1751, portant réunion à la même communauté de deux charges de receveur et de deux autres de contrôleur. Arrêt de la même année, portant confirmation de la foire qui se tient une fois l'an, au profit des religieux dominicains de Guérande. Lettres-patentes de l'an 1753, qui confirment l'établissement des religieuses ursulines. — II se tient à Guérande plusieurs foires considérables, dont une commence le 18 octobre de chaque année, et finit la veille de la Toussaint.