Retour aux paragraphes du chapitre XVII

1. Situation politique de la Bretagne après 410 2. Vortigern et Cunedda

3. Saint Germain et Saint Loup

4. Expédition de Cunedda à l'ouest

          

            Notes du chapitre XVII : Le chant du cygne.

            1. Situation politique de la Bretagne après 410

01. Il est parfaitement abusif de dire, comme on a pu le lire dans de nombreux ouvrages, que la Bretagne est redevenue à partir de 410 un pays indépendant de Rome. Certains auteurs récents ont pu le penser, et même le prétendre, et plus, développer des thèses nationalistes sur cette base. Mais à la réflexion, on a vite fait de s'apercevoir qu'ils se sont laissés entraîner par une sorte de romantisme ou d'excès de passion envers la Matière bretonne. Pour cela, après tout, ils sont bien pardonnables. 

Mais la vérité est toute autre. Car, quoi qu'on en dise, et quels que soient nos sentiments nationaux et nationalistes, on efface pas ainsi du jour au lendemain près de cinq siècles de domination étrangère, et la fidélité des Britto-romains à l'Empire reste et restera encore pendant longtemps parfaitement indiscutable. Les paragraphes suivants sont là pour le confirmer. Je rejoins donc sans réserves pour cette analyse les avis de William REES, An Historical Atlas of Wales, p 14, et ceux de Léon FLEURIOT, Origines de la Bretagne, p 165, pour ne citer que ces deux auteurs parmi tant d'autres. 

Quant à l'idée de pérennité de la Ville de Rome, qui était permanente dans les esprits des gens de cette époque, voir l'introduction sur la Vie de saint Jérôme, par Maurice TESTARD, p 90. 

02. John Morris; The Age of Arthur; vol. I; p 54. Lloyd Laing; Celtic Britain; p 181.

Coel Hen / Coelius Senior signifie : Le Vieux Coel, ou mieux Coel l'Ancien. Huit familles dynastiques, entre le Pays de Galles et l'Écosse, se réclament de lui. 

03. Chronique Anglo-saxonne : 418 : " Cette année là, les Romains rassemblèrent tous leurs trésors qui étaient en Bretagne. Ils cachèrent une partie dans la terre; ils emportèrent le reste avec eux en Gaule".  

            2. Vortigern et Cunedda.

04. Vortigern est sans conteste le personnage breton le plus connu de la première partie de ce siècle. Il est quasiment impossible de parcourir un ouvrage traitant d'histoire bretonne de cette époque sans avoir mention de Vortigern. Cela tient non seulement au symbole du responsable du peuple breton, mais aussi et surtout au fait qu'il a été celui qui a fait venir les Anglo-saxons en Bretagne romaine. Gildas le qualifie de Superbo Tyranno, 23.1. Cette appellation n'est que la traduction latine de Vortigern à moins que ce ne soit l'inverse

Sur ses origines, voir John Morris; The Age of Arthur; vol. I; p 55.

05. Cunedda est cité par Nennius; 14 et 62.

Geoffroy de Monmouth le connaît sous le nom de Cunedagius. voir infra

           3. Saint Germain d'Auxerre et saint Loup de Troyes.

06 : Pélage est un personnage religieux très connu et très actif, ce qui lui vaut par la même occasion d'être très combattu. Originaire de (G)Bretagne romaine, il va à Rome étudier les écritures, et voyage dans tout le bassin méditerranéen, en passant par la Sicile, Carthage, et Jérusalem. La doctrine qu'il défend est celle du Libre arbitre, qui nie la transmission du Péché originel aussi bien qu'il nie la nécessité du Secours divin. Cette exaltation de la maîtrise de l'Homme par lui-même rencontre une très vive opposition de la part des Chrétiens orthodoxes, parmi lesquels ont on trouve surtout Saint Augustin, Saint Ambroise, de même que saint Jérôme, qui qualifie au passage Pélage de vase de perdition (Jérôme, lettre 133).

La doctrine de Pélage, condamnée au concile de Carthage en 411, persistera cependant longtemps encore en Ile de Bretagne, toujours imbibée du vieux fond celtique et toujours prête à assimiler les rites nouveaux aux anciens rites druidiques dès lors que l'image de l'Homme s'y trouve respectée. 

Saint Germain d'Auxerre devra faire deux missions en (G)Bretagne pour ramener les britto-romains dans la voie du catholicisme orthodoxe, une première fois en 429, avec Saint Loup, évêque de Troyes, et une autre fois en 447, avec Severus, évêque de Trèves.

Du point de vue purement étymologique, le nom de Pélage semble est tiré du grec Pelagos = Océan. Certains chercheurs pensent que ce nom désigne celui qui est né dans l'Océan, pour désigner un évêque important originaire de l'Ile de Bretagne. En corollaire, il a été proposé aussi de voir une traduction celtique de son nom en Morvan < *Mori-mannos = homme (né) de la mer.  

07 : Bède; I.20. "Ainsi les évêques mirent l'ennemi en déroute, gagnant cette victoire par la foi et non par la force".

Le site de cette bataille reste inconnu. Cependant, Bède apporte les indications qu'il s'agit d'une vallée entre des collines qui ont la particularité de bien renvoyer l'écho, et qu'il y a une rivière dans les environs, puisqu'un qu' un grand nombre d'ennemis y ont trouvé la mort par noyade.

Certains auteurs pensent que ce site se trouverait non loin de Llangollen, dans la vallée de l'Avon Eglwyseg, là où se trouve précisément le Pilier d'Eliseg, qui mentionne entre autres le nom de Germain, associé à celui de Vortigern, ces noms n'étant en réalité qu'accessoires à la dédicace elle-même.

            4. Expédition de Cunedda à l'ouest

08 : Williams Rees; Historical Atlas of Wales; p 14; Nennius; 62.2. 

09 : Nennius. 62.2

10 : Caradec a été largement et copieusement sermonné et pris à parti par Saint Patrick à propos des exactions commises par celui-ci sur ses sujets chrétiens; voir Epistola, 2, 6, 12, 19, 21.

Patrick est lui-même issu du famille noble britto-romaine du nord de la Bretagne, peut-être de Dumbarton. Sa jeunesse fut très mouvementée, puisque à l'âge de 16 ans il est fait prisonnier par des Scots d'Irlande et envoyé en esclavage dans cette île. Six ans après, il s'en échappe, et parvient à rejoindre le continent où il s'adonne à l'étude des Saintes Écritures, à Marmoutiers, à Lérins, puis à auxerre. Il est nommé évêque d'Irlande en 432, en remplacement de Palladius. Il fonde le monastère d'Armagh, en Ulster. Il décède à Saul, en Ulster, le 17 mai 461. Ce jour a été choisi comme fête nationale en Irlande. 

11 : Williams Rees; Historical Atlas of Wales; p 15.

On peut noter à ce propos une curieuse similitude entre certains noms de lieux de la région de Cardigan : Llangoedmor, Cardigan (Aberteifi), St Dogmael's (Llanddoch), et Llyn y Felin

avec certains noms de lieux de Bretagne armoricaine, en Trégor, jalonnés sur la route romaine rejoignant La Roche-Derrien lieu de passage du Jaudy, à Lannion, lieu de passage du Léguer, et passant par  : Langoat, Coscaradec, Lanmérin (bret : Lanvilin), St Dogmel (en Rospez). En étendant le champ de recherche et de comparaison, on peut aussi noter, tout près de ces derniers lieux du Trégor, ceux de Coatreven ( < Coat + Reven ? < *Ruman-us ?), Pluzunet (< Plou-Dunawd ?) 

1. Situation politique de la Bretagne après 410 2. Vortigern et Cunedda

3. Saint Germain et Saint Loup

4. Expédition de Cunedda à l'ouest