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La Peste d'Elliant *** Bosenn Elien
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Texte breton ci-contre en dialecte de Cornouaille, fin XIXè siècle. |
IES KERNE dibenn XIXt kantved |
Entre Langolen et le Faouet, habite un saint barde, qu'on appelle Père Rasian ; II a dit aux hommes du Faouet : Faites célébrer chaque mois une messe, une messe dans votre église. La peste est partie d'Elliant, mais non pas sans fournée : elle emporte sept mille cent âmes! En vérité, la Mort est descendue dans le pays d'Elliant, tout le monde a péri, hormis deux personnes, une pauvre vieille femme de soixante ans et son fils unique. "La peste est au bout de ma maison, disait-elle; quand Dieu voudra elle entrera; lorsqu'elle entrera, nous sortirons". Sur la place publique d'Elliant, on trouverait de l'herbe à faucher, hormis dans l'étroite ornière de la charrette qui conduit les morts en terre. Dur eût été le cœur qui n'eût pas pleuré, au pays d'Elliant, quel qu'il fût, en voyant dix-huit charrettes pleines à la porte du cimetière, et dix-huit autres y venir. Il y avait neuf enfants dans une même maison, un même tombereau les porta en terre, et leur pauvre mère les traînait. Le père suivait en sifflant... il avait perdu la raison. Elle hurlait, elle appelait Dieu, elle était bouleversée corps et âme : - Enterrez mes neuf fils, et je vous promets un cordon de cire qui fera trois fois le tour de vos murs Qui fera trois fois le tour de votre église, et trois fois le tour de votre asile. J'avais neuf fils que j'avais mis au monde, et voilà que la mort est venue me les prendre. Me les prendre sur le seuil de ma porte; plus personne pour me donner une petite goutte d'eau ! Le cimetière est plein jusqu'aux murs; l'église pleine jusqu'aux degrés; Il faut bénir les champs pour enterrer les cadavres. Je vois un chêne dans le cimetière, avec un drap blanc à se cime : le peste a emporté tout le monde. |
Tre Langolen hag ar Faouet eur Barz santel a vez kavet ; hag hen Tad Rasian hanvet. Laret en deuz d'ar Faouediz : laket eunn oferen beb miz, eunn oferen enn hoc'h iliz. Eet eo ar vosen a Elliant, hogen ne ket eet heb forniant, Eet zo gat-hi seiz-mil ha kant; E bro Elliant, heb laret gaou, e ma diskennet ann Ankaou, Maro ann holl dud nemed daou : eur c'hroegik kouz tri-ugent vloa hag eur mab heb ken e devoa, « Edi ar vosen 'penn ma zi'; Pa garo Doue 'teui enn ti ; Ni iei 'mez pa deui,» eme-z-hi. E kreiz Elliant, er marc'hallac'h, geot da falc'hat e katec'h, nemed enn hentig euz ar c'harr a gas re varo d'ann douar. Kriz vije 'r galon na welje, e bro Elliant, neb a vije : gwell't triouec'h c'harr tal ar vered, ha triouec'h all eno' tonet.
Hi a iude, galve Doue; reustlet e oa korf hag ene : - Laket ma nao mab enndouar, ha me roi d'hoc'h eur gouriz koar, a rei teir zro endro d'ho ti, ha teir endro d'ho minic'hi, Nao mab em boa em boa ganet, setu gad ann ankou int eet; Gad ann Ankou e toull ma dour; Den da hul d'in eul lommik dour ! Leun e'r vered rez ar c'hleuniou; leun ann ilie rez an treuzou; Red eo benniget ar parkou da lakaat enn ho ar c'horvou. Me wel er vered eunn derven, hag enn he beg eul liser wenn : Eet ann holl dud gad ar vosen. |
Source : Hersart de la VILLEMARQUE : Barzaz Breiz. Librairie Académique Perrin. 1963.