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Deuxième partie

 

3. Analyses et commentaires des textes

 

            

            Les feux du 30 avril

 

Deuxième partie

 

3. Analyses et commentaires des textes

 

            

            Les feux du 30 avril

 

            Le texte de la Bataille de Carohaise parle de la ' fumée des incendies' allumés par les premiers coureurs des ennemis (1). Compte tenu du contexte de guerre et d'une attaque militaire, on peut penser en effet qu'il s'agit de feux allumés soit pour intimidation, représailles, ou pillage. Cette vision des choses est tout à fait plausible, car conforme à l'habitude, malheureusement !

            Mais on peut toutefois aussi faire remarquer et les militaires le savent bien, que cette tactique qui consiste à brûler tout ce qui est devant soi, au fur et à mesure de l'avancée, est un contresens beaucoup plus préjudiciable à l'armée attaquante qu'a l'armée défendante. Car, à cette époque-là et bien plus tardivement, une armée qui avance a forcément besoin de vivre sur le pays conquis, c'est-à-dire de trouver sur place les moyens de sa propre subsistance. En revanche, ce sont toujours les armées qui se replient ou les gens du peuple qui fuient devant un envahisseur qui pratiquent la stratégie de la terre brûlée, précisément pour que cette armée ennemie ne puisse trouver ni à se nourrir ni à se loger sur place.

            Il y a peut-être une autre explication, tout aussi plausible à ces feux. Compte tenu de la date précisée dans le texte, un mardi soir 30 avril, on peut aussi soulever que dans la tradition celtique, on avait coutume d'allumer dans la nuit du 30 avril au Ier mai des feux dédiées à Bélénos et que ces feux, précisément portaient le nom sacré de Beltaine : 'Feux (sacrés) dédiés à Bélénos'. En effet, le 30 avril marquait la fin du semestre d'hiver, période sombre, appelée Giamonios. Le Ier Mai marquait le début du semestre d'été, Samonios/Samain, période claire (2).

            On peut objecter à cela que la période concernée est celle de la fin du Vè siècle, période de christianisation et de dépaganisation intense. Il n'est donc pas sûr que l'on ait réellement continué à pratiquer les feux païens encore à cette époque, d'autant que cela était passible de la peine de mort (3). Mais on n'est pas sûr davantage du contraire. Et il se peut bien que cette tradition ait perduré bien après la mise en place du christianisme (4).

            Quoi qu'il en soit, ces feux et la date évoqués dans les Romans tendent à se confirmer réciproquement, même si, pour des raisons de guerre, on ne peut nier des incendies qui sont soit destinés à terroriser les populations s'ils sont allumés par les attaquants, soit par stratégie de la terre brûlée s'ils sont allumés par les défenseurs.

notes : les Feux

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