Encyclopédie Marikavel-Jean-Claude-EVEN/Encyclopaedia/Enciclopedia/Enzyklopädie/egkuklopaideia

d'ar gêr ! ***** à la maison ! ***** back home !

Noms de lieux

Tolente

page ouverte le 28.12.2005 forum de discussion

* forum du site Marikavel : Academia Celtica 

dernière mise à jour 27/10/2010 08:48:33

Tolente : port à l'emplacement énigmatique et non encore archéologiquement démontré.

a) Tolente recherchée en Petite-Bretagne.

Placé sur les côtes du Léon finistérien par les historiens attachés à la version d'une expédition de Maxime et Conan par l'extrême ouest armoricain, en relation avec un nom de personnage Bristokus, proposé pour éponyme de Brest. Une étymologie de Tolente est proposée à partir d'une ressemblance avec le breton Toull an Hent = le trou (= aboutissement ?) de la route.

Ogée, NDB, p 335, parlant de Plouguerneau, dit : "On prétend que c'était en cet endroit qu'était située l'opulente ville de Tolente, sur la rivière Vrack (= Aber-Wrac'h); ville qui fut entièrement détruite et réduite en cendres vers l'an 875".

Cambry, Voyages dans le Finistère, p 191 : "La commune de Plouguerneau ... C'est là qu'était située, dit-on, l'opulente ville de Tolente, réduite en cendres en 875".

renvoi en note 2 de Fréminville : "La ville de Tolente n'était pas située précisément à l'embouchure de la rivière d'Aber-Vrac'h, mais un peu plus à l'est sur la côte de Plouguerneau et en face d'un gros îlot de rocher appelé hent en celto-breton. Le petit bras de mer qui le sépare du continent est encore appelé dans le même idiome toull-hent, passage ou détroit de hent; de toull-hent, on en a fait Tolente."

Les continuateurs d'Ogée précisent cependant : "L'embouchure de la rivière dite l'Aber-wrac'h, ou le Havre à cailloux, baigne à la droite le territoire de Plouguerneau. C'est en cet endroit qu'on a placé la fameuse ville de Tolente, dont l'imagination de nos chroniqueurs avait fait la Tyr bretonne. On dit que cette ville fut détruite par les Normands, en 875; mais rien, jusqu'à ce jour, n'a donné aux archéologues sérieux le droit d'affirmer l'existence de Tolente, non plus que celle de la ville d'Is. Si Tolente eût existé alors que César attaqua les peuples armoricains, elle eût plus que Vannes fixé son attention; ses habitants n'eussent pu demeurer indifférents à la grand lutte de l'indépendance, et comme les Vénètes, ils eussent payé de la perte de leur liberté leur amour de la patrie".

Pitre-Chevalier, Bretagne ancienne et moderne, p 64 :

- extrait de la vie de Saint Riok : " De Brest, ils (Neventerius et Derrien) allèrent à Tolente, lors riche ville, voir le prince Jogonus, père de Jubault ou Jubaltus (que Conan Mériadec défit depuis), et de là s'allèrent embarquer au Havre de Poullbeunzual, où leurs navires estoient à l'ancre ... en la paroisse de Plounéour-trez, diocèse de Léon".

- note 1 : "Beaucoup d'historiens et de légendaires parlent de cette ville de Tolente, dont il est fort difficile de nier l'existence, mais plus difficile encore d'établir la position. Voici ce que dit à cet égard D.L Miorcec de Kerdanet : "Alain Bouchard ... dit que le roi Judicaël residoit en une belle ville de Bretaigne appelée Talenche (ou Tolente), qui depuis a été destruicte par les guerres". Cette ville de Tolente était située à l'entrée de la baie des Anges, sur la rive droite de l'Abervrach, à l'opposite du fort Cezon. Une voie romaine y conduisait d'Occismor ..."

R. Kerviler, Armorique et Bretagne, p 215 : " ... Les Romains firent de Carhaix une ville importante, c'est incontestable, mais qui nous dit que, si l'Océan nous restituait tout ce qu'il a envahi, on ne trouverait pas des ruines romaines plus importantes dans la baie de l'Abervrac'h, où aboutissait une voie magistrale conduisant au port d'embarquement direct pour la Bretagne ? C'est là qu'une ancienne tradition plaçait (sur la rive droite, en Plouguerneau) la ville florissante de Tolente (Toul-hent, c'est-à-dire le trou ou la baie du chemin ou de la voie), détruite par un cataclysme d'autant mieux justifié que les îles de la baie appelées aujourd'hui Vrac'h, Lesent (Lez-hent), etc., ont dû être réunies jadis au continent ..."

Idem, p 246 : " ... sans doute la célèbre Tolente, ou Toul-hent, la Tyr armoricaine célébrée par Souvestre, dont les vaisseaux commerçaient avec l'île de Bretagne. M. Flagelle qui a parcouru plusieurs fois cette ligne, de Carhaix à son extrémité, m'en donne le tracé suivant minutieusement exact :

"Carhaix, - route actuelle jusqu'à la Haie, - Huelgoat, - Rouguellon, - La Feuillée, - La route actuelle pendant 800m, - Roc Trédudon (368m d'altitude), - Meil ar Manac'h à 1200 m sud de Plounéour--Menez, - chapelle de Loc Eguiner, - Créac'h Bleiz en Guimiliau, - 300 m N. de Lampaul, - Moules de Pont-Croas en Landivisiau, - Traverse la nouvelle route nationale N° 12 à 1 kil. au sud ouest de Landivisiau, et l'ancienne près de Pen-ar-Parc, - le Vieux Châtel en Saint-Méen, - Saint Méen, - Chapelle Jésus en Trégarantec, - La Croix rouge au Folgoat, - Route départementale de Lesneven à Lannilis sur 2 kil., - Sud de Kerradennec en Saint-Frégant, - Sud du château de Penhoat, - Borne de Kerscao au nord de Kerscao en Kernilis, - A 350m à l'ouest de Croas Prem, bifurcation.

1° branche de gauche, servant de chemin vicinal, passe au Groannec-Coz, - Chapelle de Groannec, - A 400m au nord du vieux château de Coat Quénan, - Sud du bourg de Plouguerneau, - Kerferré bihan, - Lanvaon, - Nord de Castelandour, - Saint Cavan en Plouguerneau, - vis-à-vis le fort Cézon en Landéda.

2° branche de droite, passant par Anteren en Plouguerneau (Anter-Hent : mi-chemin), à la chapelle Sainte-Anne, - au nord du bourg de Plouguerneau - et à Ty-Bec ar fourn, près de la mer."

L. Kervran, Brandan, p 82 : "Il semble que les Bretons, arrivant au Vè siècle de notre ère, appelèrent Tolente ce que les Gallo-romains avaient appelé Gesocribate. Ce port fut submergé lors du grand affaissement du nord-ouest de la Bretagne qui se poursuivit pendant tout le VIIè siècle".

Ch. Frochen, Finistère, Léon, p 146, reprend les mêmes conclusions que les continuateurs d'Ogée.

Gw. Le Scouézec, Guide de la Bretagne, p 481 : "Où était Tolente ? C'est au voisinage, et peut-être même à l'emplacement de Plouguerneau que se trouvait la cité de Tolente ou Talenche, ruinée, dit-on, en 875, par les Normands. Elle aurait été un moment la capitale de la Domnonée; le roi Judicaël en avait fait sa résidence à la fin du VIIè siècle. C'est du moins ce que nous apprend la chronique d'Alain Bouchard : "Le roi Judicaël résidoit en une belle ville de Bretaigne appelée Talenche (ou Tolente) qui depuis a été destruicte par les guerres".

Albert Le Grand en parle également. Il en fait une "riche ville", séjour d'un prince Jugonus que le légendaire Conan Mériadec aurait vaincu.

On a discuté de sa situation exacte. Pour certains auteurs les ruines s'en trouveraient sous le bourg de Plouguerneau. Pour d'autres, la ville se serait élevée au bord de l'Aber Wrac'h. Peut-être était-elle proche de ce Porz Keinan ou "port des lamentations" que Pierre Le Baud situe sur cet estuaire et où, nous dit-il, "on immolait jadis des enfants à une fausse divinité". Sans fournir d'arguments à l'appui de sa thèse, Pitre-Chevalier n'hésitait pas à la placer "à l'entrée de la baie des Anges, sur la rive droite de l'Aber Wrac'h, à l'opposition du fort Cézon"...

"... En ce qui concerne Tolente, et sans vouloir proposer une hypothèse nouvelle, il faut cependant signaler qu'à une quinzaine de kilomètres au sud de l'Aber Wrac'h, entre Guipronvel et Milizac, un village de faible importance porte actuellement de nom de Tollann".

JCE :

Il est difficile de suivre le raisonnement de R. Kerviler, qui place Gesocribate, Tolente, et Vorganium quasiment au même endroit, à peu de distance de Portus Saliocanus, selon lui Pors-Liogan, au Conquet. Nous avons là assurément une sur densité de villes importantes et florissantes, et il n'est pas crédible non plus qu'une seule ville ait pu porter autant de noms différents.

b) Tolente recherchée en Baie de Somme. (Recherche personnelle JCE : Genèse de la Bretagne armoricaine)

Ce nom Tolente oblige manifestement à une analyse en profondeur.

En effet, dans ce texte de la Vie de Saint Riok, le thème de Talenche > Tolente est associé indirectement à celui de Jubault, qui lui-même est recoupé par Conan Meriadec. Il est donc anachronique au thème de Saint Gwénolé qui lui est postérieur d'un siècle. Autrement dit, la localisation de Talenche > Tolente doit se faire dans la corrélation des noms de personnes et de lieux relatifs au débarquement de Maxime. Cela nous ramène à l'étude des routes terrestres et maritimes entre l'île de Bretagne et l'Italie, en passant autant que possible par Paris.

On pourra alors observer ailleurs la présence d'autres toponymes fort ressemblants ailleurs qu'en Petite Bretagne :

- Tollent, lieu de passage de l'Authie par une route gallo-romaine reliant Thérouanne à Abbeville (R. Delmaire, Civitas Morinorum, p 300 : tronçon du Vieil-Hesdin à Labroye).

Si l'on rapproche ce nom de ceux de Tallende, commune du Pas-de-Calais (Telemate, IXè siècle), et si l'on suit le raisonnement de Dauzat, on devrait rechercher une étymologie à partir d'une racine pré-celtique tel- désignant une source.

Mais il faut tout de même souligner le fait que Tollent sur l'Authie a de toute façon en sa défaveur de ne n'avoir jamais été un port de mer, puisqu'il est situé à 25 km à l'intérieur des terres par rapport au Vieux-Quend.

- Talence, toponyme situé au sud d'Abbeville.

Si l'on rapproche ce nom de ceux de Talence, commune de Gironde (Talencia, 1182), Talencieux, commune de l'Ardèche, et Talensac, commune d'Ille-et-Vilaine (Talençac, c.1330), et si l'on suit le raisonnement de Dauzat, on devrait rechercher une étymologie à partir d'un nom de personne Tallentius.

Mais on peut aussi le rapprocher de Camp-Dolent, qui représente à Harfleur un endroit dans la confluence de deux rivières, assez semblable à celui d'Abbeville. Ce nom Camp-Dolent est curieusement très proche du Champ-Dolent, de Rennes, cité par Fr. Falc'hun, Noms de lieux celtiques, p 31, et qui désigne un lieu situé dans un confluent ou dans une boucle de rivière, le celtique dol signifiant tout simplement méandre. Quid de Champ-Dolent, en Bougainville (IGN : 2208-E, Picquigny) !!!

En faveur de Talence, on soulignera la proximité des autres lieux cités : Caubert, Epagne (& Epagnette), Portelette, Les Planches, le Cellier, et rappeler la présence de ports attestés dans l'embouchure de la Somme. Surtout, si Talence représente un point de passage du Scardon et de la Somme par la route gallo-romaine, il y a tout lieu d'y voir aussi un accostage, sinon un port. Or, cet aspect des choses est largement démontré : voir Abbeville, et Caubert.

Étude étymologique :

A mon envoi du 26.01.1998, A. Raude apporte les précisions suivantes : "La forme TALENCAC est normanno-picarde; La forme TALENCE peut être française, galloise, ou normanno-picarde francisée; La forme TALENT(E) est bretonne, si l'étymon est * TALANTJ- (*TALANTIA); Comparer, en Vieil-Irlandais TAILTIU "la Terre Mère", puis remonter à *TALANTJO. Il existe quelque part (en 22, 56, ou 44) un lieu-dit TALANCE. Cf aussi Talansac".

A cette précision, je crois utile de comparer l'article consacré à Tailtiu, par Fr. Le Roux et Ch.J. Guyonvarc'h, Les Druides, - p 230, note 74 : "d'un thème *talantio-, proche du nom usuel de la "terre" en irlandais, talamh, de *talamo-; voir J. Loth, Le dieu Lug, la terre-mère et les Lugoves, in Revue Archéologique 1914 / 2, p. 217; voir en dernier lieu Ogam XIV, p 351, note 27a."

- p 414 : "Tailtiu : fille de Mag Mor, "roi d'Espagne", mère adoptive de Lug, femme d'Eochu, dernier roi des Fir Bolg dans les annales légendaires. Le mot est apparenté à talamh "terre" (équivalent étymologique du latin tellus). Elle est une des personnifications de l'Irlande et son nom est resté dans celui de Teltown, dans la province de Meath, lieu de rassemblement pour la célébration de la fête de Lugnasad".

Observation personnelle, JCE, 05.05.1998 :

- Talence (Abbeville), situé près d'Epagne, en (Gaule) Belgique;

- Tailtiu, fille du roi d'Espagne, et épouse du dernier roi des (Fir) Bolg = (hommes) Belges.

Observation personnelle, JCE, 31.07.1998 :

- comparer les thèmes divinisés Tellus > Talence, et Maia > Maye (rivière), qui semblent désigner deux hydronymes voisins.

* J.-F. BROUMISMICHE : Voyage dans le Finistère, en 1829, 1830,et 1831. 

- page 33

Tolente

"Sur la rive opposée à l'ancien couvent des Anges, on voyait, à une époque bien éloignée de nous, l'opulente ville de Tolente, ravagée et détruite au 9° siècle par les Normands. Il n'est cependant mention de cette ville que chez quelques historiens crédules du moyen âge, et chez nos vieux légendaires bretons. Il serait hasardeux d'affirmer que, sur une côte fertile, dans une position avantageuse pour le commerce, une cité n'ait pu être édifiée; mais toujours est-il que, sur l'emplacement assigné à celle de Tolente, rien n'indique ni sa grandeur ni sa beauté; on n'y voit aucune trace de ruines ni de débris. Tous les peuples aiment le merveilleux, l'extraordinaire; les bretons, comme les autres, veulent avoir primé dans les temps reculés, et partout, sur les côtes de la Bretagne, on trouve le souvenir de villes puissantes et considérables. C'est, dans les côtes du nord, Lexobie; dans le Finistère, Is et Tolente; dans la Loire-inférieure, Herbauge. Rien ne témoigne pourtant une civilisation avancée en Bretagne dans les siècles qui suivirent l'établissement du christianisme et les villes populeuses, les grandes agglomérations d'hommes ne se forment, ne subsistent qu'aux lieux où les sciences, les arts et le commerce fleurissent simultanément. La Bretagne, pas même au moyen âge, n'a été dans cette heureuse position.

On s'éloigne avec peine des bords de la rivière de l'aber-wrach; en les abandonnant on se trouve passer d'un territoire favorisé de la nature sur les terres tristes et couvertes de bruyères de la commune de Kernilis où se voyaient, il y a peu d'années, quelques vestiges du fort château de Carman qui se composait de quatre tours rondes jointes par des courtines à mâchicoulis; aujourd'hui c'est à peine si l'on peut reconnaître l'emplacement. Le château de Carman était placé sur un mamelon qui dominait une vallée profondément encaissée, ainsi que le chemin qui a toujours dû être la communication entre Lesneven et Lanillis, chemin qui devait même conduire à Tolente, en supposant ou en admettant que cette ville ait existé.

Retour en tête de page