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Chapitre XII

La Bretagne dans le tourbillon du IIIè siècle

( compte tenu de la matière à traiter, ce chapitre est publié en chapitres séparés)

(utiliser les liens)

 

 

            3. Retour dans le giron de Rome. 273 / 287

            Nouvelle menace sur la Bretagne: des pirates dans la Mer de Bretagne.

            La Bretagne romaine ne connaîtra pas l'empereur Aurélien bien longtemps car celui-ci est assassiné le 23 mars 275 par son secrétaire alors qu'il s'apprête à partir en expédition contre les Perses.

             Aussitôt la machine infernale se remet en route, anéantissant les empereurs les uns après les autres en même temps qu'elle anéantit tout espoir de retrouver de si tôt un paix durable.

            Tacite, le successeur d'Aurélien, ne règne que six mois, au bout desquels il est tué par ses soldats. Son frère Florianus lui succède et sur le trône, puis dans la tombe après deux mois seulement. L'armée désigne alors l'un des siens, le général Probus, un Illyrien de Sirmium ( = Mitroviça ? ).

            Mais la situation est maintenant catastrophique pour l'Empire car les Barbares, Francs et Alamans ont à nouveau déferlé sur les Gaules. Plus grave encore pour la Bretagne, l'apparition de pirates Saxons en Mer du Nord et en Manche (7). Nous sommes en 276. Cette-fois ci, l'Ile elle-même est menacée et la Classis Britannica, c'est à dire la marine impériale romaine stationnée en Bretagne, se voit contrainte de reprendre un service actif en se lançant à la poursuite des bateaux pirates pour protéger les côtes sud et est de l'Ile. Les forts côtiers sont réactivés et renforcés, et la ville de Durovernum / Canterbury, capitale des Cantiaci et première grande ville britto-romaine sur le Détroit, jusqu'alors ville ouverte, reçoit à cette occasion ses premières murailles (8).

Les murailles romaines de Durovernum / Canterbury

Photographie personnelle JC Even. Août 1982. Copyright

            A force de combats acharnés, de méthode et de patience, Probus parvient cependant à repousser les Barbares à peu près partout et à les contenir sur les frontières de l'Empire. Mais il finit lui-même par exaspérer son armée, qui l'assassine au début de l'automne 282.

            Décidément la Paix, si tant est que l'on puisse encore parler de Paix avec un minimum de sérieux et de décence, n'aura été que de très courte durée. Et comme il faut s'y attendre en pareille circonstance, dès l'annonce de la mort de Probus, le fléau barbare s'abat à nouveau de plus belle sur toute les parties de l'Empire.

            Le nouvel empereur, Carus, élu lui-aussi par l'Armée, confie la garde de l'Occident à son fils Carin et s'en va faire la guerre avec son autre fils, Numérien, à l'ennemi juré de Rome, l'empire perse. Mais le sort s'acharne contre eux, car ils y trouvent la mort tous les deux. Carin reste donc seul à la tête de l'Empire, mais l'armée d'Orient, qui refuse de le reconnaître, élève au pouvoir le dalmate Dioclétien. La rencontre inévitable entre les deux empereurs a lieu à Margus, au confluent de la Morawa et du Danube, en mai 285. Carin y est défait et tué.

            Dioclétien, seul maître du pouvoir, propose alors de partager avec l'un de ses compatriotes, Maximien, lui aussi Illyrien et soldat. Maximien reçoit la garde de l'Occident pendant que Dioclétien va faire campagne à son tour en Orient.

            La problème immédiat qui se pose en Occident à Maximien, surnommé Hercule, est double. Il doit faire face simultanément aux pressions grandissantes des Barbares sur les frontières, et à un grave soulèvement paysan à l'intérieur même des Gaules. Les raisons de ce soulèvement sont elles mêmes multiples, et les famines, les ravages des guerres incessantes et les impôts excessifs n'en sont probablement que les aspects les plus visibles.

            Aussi voit-on les Bagaudes, nom donné à ces bandes de paysans révoltés, suivre des chefs nommés Aelianus et Amandus ravager et dévaster à leur tour les campagnes et les villes, comme si les ravages des Barbares ne suffisaient déjà pas.

            Et pourtant, en bon militaire et en bon stratège qui sait garder son sang froid, Maximien Hercule parvient à mater la révolte et à rétablir la situation, au moins provisoirement, et reçoit pour cela, en juin 286, le titre d'Auguste = Empereur.

notes : retour dans le giron de Rome; nouvelles menaces

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