Retour au sommaire

 

Jules César

Giulio Cesare. Museo Nazionale - Roma.

Photographie Giraudon. Paris

Les notes se trouvent en bas de page

 

            1. Casus belli.

            Au premier millénaire avant J.C, les Celtes ne sont pas les seuls peuples d'origine indo-européenne à s'étendre en Europe occidentale. Du côté de la Méditerranée, une nouvelle puissance est en train de s'imposer et prospère considérablement : Rome. Celle-ci est déjà maîtresse de l'ancien empire grec, de Carthage et du monde phénicien, ainsi que de la partie méridionale de la Gaule, la Gallia provincia. (1)

            En 58 avant J.C survient un évènement grave de conséquences pour l'ensemble du monde celtique : un homme politique romain, général de surcroît, nommé Caius Iulius Caesar, pénètre en Gaule indépendante avec une forte armée, sous prétexte de venir en aide à une tribu alliée de Rome et en danger, les Eduens, et défait tout à tour toutes les armées gauloises qui tentent de lui résister.

            En 57, à cause de la honteuse défection et trahison des Remi, qui lui fournissent de nombreux renseignements en même temps que leurs forteresses et des vivres (2), César s'attaque aux peuples belges continentaux : Suessiones, Bellovaci, Nervii, Atrebates, Ambiani, Morini, Menapii, Caletes, Veliocasses, et Viromandui (3). Ceux-ci, frères de race des Belges du sud de l'Ile de Bretagne, appellent à l'aide les insulaires qui répondent positivement à cet appel, en participant activement aux côtés des continentaux aux principales batailles, comme à celle de l'Aisne, puis celle de la Sambre. César affirme lui même "... qu'il se rendait compte que dans presque toutes les guerres... faites contre les Gaulois, ceux-ci avaient reçu des secours de la Bretagne..." (4)

            Malgré cela, les batailles tournent à l'avantage des Romains et ceux des chefs belges qui ne succombent pas dans les combats se réfugient en Bretagne. César envoie alors comme émissaire dans l'Ile le Gaulois Commios, qu'il a fait préalablement roi des Atrebates du continent, afin "... de visiter le plus de peuples possible, et de les engager à se placer sous le protectorat de Rome, et d'annoncer son arrivée prochaine" (5)

            Les Belges insulaires rejettent les injonctions de César et s'emparent de Commios qu'ils considèrent comme un traître à la cause nationale celtique. Le défi est donc relevé.

            Dans ces conditions, et pour des raisons évidentes de stratégie, César se voit ainsi dans l'obligation d'envisager d'attaquer la Bretagne afin d'essayer de dissuader par la force les Bretons de venir en aide ultérieurement aux Belges continentaux et aux Gaulois.

            Les Belges insulaires, informés d'une attaque imminente, font eux aussi des préparatifs de guerre. Les chefs se consultent, concentrent leurs forces près du détroit de Douvres, sur le territoire des Cantiaci, et attendent de pied ferme l'arrivée du Romain.(6)

 

Notes de : Casus belli. 

01 : La Gallia Provincia, c'est à dire la Provence, fut la première province romaine établie dans le sud de la Gaule transalpine, par suite du décret de la création de la colonie romaine de Narbo Martius, en 118, et réalisée en 117 sur un territoire confisqué aux Elysiques

02 : L'attitude des Remi en cette circonstance a été des plus répugnantes, comme en témoignent ces passages de César : 

- II.3 : " ... ils sont prêts à donner des otages, à exécuter les ordres qu'ils recevront, à ouvrir leurs places fortes, à fournir du blé et autres prestations".

- II.4 : " ... les Rèmes se disaient en possession des renseignements les plus complets car, étant liés avec eux (les Suessiones) par des parentés et des alliances, ils savaient le chiffre d'hommes que chaque cité avait promis pour cette guerre dans l'assemblée générale des peuples belges". 

03 : Suessiones : Soissons; Bellovaci : Beauvais; Nervii : Cambrai et Tournai; Atrebates : Artois (Arras); Ambiani : Amiens; Morini : Thérouanne (dans le Pas de Calais); Menapii : Cassel, en Belgique; Caletes : Pays de Caux; Veliocasses : Vexin (Rouen); Viromandues : Vermandois (St Quentin).

04 : César, BG, IV.20. Il n'est pas évident, contrairement à ce qu'ont pu penser certains historiens, que les Bretons de l'Ile de Bretagne soient venus au secours des Vénètes de l'extrême ouest de la Gaule atlantique. A ce propos, il faudrait d'abord s'entendre sur la valeur réelle du générique "Breton". En effet, Vénètes et Belges ne sont pas issus de la même vague de migration indo-européenne. Les Vénètes étaient probablement plus proches des Dumnonii ou des Brigantes, et comme ceux-ci considéraient probablement Belges continentaux et Belges insulaires comme des envahisseurs. D'ailleurs, l'attitude des Brigantes, alliés objectifs de Rome lors des campagnes qui auront lieu plus tard, à partir de 43 après J-C, apparaît très nettement révélatrice de l'opposition entre Celtes anciens et Belges. Si les Vénètes ont reçu de l'aide de l'Ile de Bretagne comme certains historiens le prétendent, ce ne peut être que de la part des peuples de l'ouest de l'Ile, et non du sud-est, aux mains des Belges.

05 : César, BG, IV.21

06 : Le terme générique Bretons ne sera utilisé dans cette étude que pour éviter des confusions ou des incompréhensions vis a vis des textes anciens, ces derniers appliquant sans distinction cette appellation à l'ensemble des peuples de l'Ile. En vérité, l'action touche pour l'instant essentiellement les Belges insulaires, établis dans le sud-est de l'Ile : Cantiaci, Atrebates, Catuvellauni, Trinobantes.

retour en tête de page