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Thulé

texte et carte extraits de Ferdinand LALLEMAND : Journal de bord de Pythéas de Marseille. pages 169 et suivantes.

TROISIÈME JOUR APRÈS AVOIR QUITTÉ LES ILES ORKAS. DOUZIÈME JOUR DU SKIROPHORION (1). 

Même temps. Le vent semble forcer. Nous sommes seuls au milieu de l'Océan. Mon cœur se serre malgré la joie que je ressens d'être arrivé jusqu'ici.

Leukos est calme. Il se dirige d'après la direction des vagues et la lueur de plus en plus précise qui règne dans le ciel alors que le compte des heures nous indique le milieu de la nuit.

Derrière nous le sillage est droit autant qu'on peut le distinguer sur l'Océan bouillonnant.

(1). 12 juin.

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QUATRIÈME JOUR. - Même route, même temps, mêmes vagues, même vent.

Les hommes n'ont plus sommeil car la nuit n'est plus là, pour leur enseigner l'heure de dormir.

Je préférerais qu'ils dorment, car ils regardent l'Océan sans limites et les vagues qui ressemblent à des collines mouvantes.

Myron regrette la nuit et spécialement les nuits de Massalia.

- Et cet hiver, lui ai-je dit, tu compteras les gouttes d'huile à ta femme si elle veut coudre à la veillée! 

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CINQUIÈME JOUR. - Le vent a tourné. Il vient maintenant d'entre le couchant et le septentrion. Je suis presque soulagé de ce changement de temps : je pourrai faire cesser l'inaction des rameurs; j'ordonne l'armement d'une rame sur deux avec deux hommes par rame. Je fais amener la vergue sur le pont : ainsi le navire sera moins chargé dans les hauts. Tous les hommes sont occupés. Sur un pentécontor le vent arrière ne vaut rien à la longue pour les rameurs. II en est de même pour le séjour dans certains ports. Navires et équipages ne sont bien qu'à la mer: ils ne prennent pas d'algues ou de désirs qui alourdissent l'âme et les carènes. J'ai fait monter Xanthos en haut du mât avec mission d'observer la route. Il se plaint mais se cramponne. Vénitath et Leukos restent tout le temps sur le tillac à stimuler les kubernétès qui ont un énorme travail pour maintenir la route malgré les vagues.

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SIXIÈME JOUR. Sixième heure du soir. - La vigie vient de crier a Terre v. A peine ai-je entendu son cri dans le tumulte des vagues. Tous les hommes luttent de toutes leurs forces pour surmonter la lassitude, la nausée aussi et l'angoisse. Notre navire se soulève sur chaque vague comme un char qui franchit une colline. Je suis sur le tillac, sous l'aplustre et j'encourage les deux kubernétès. J'entends parfois les deux kéleustès rythmer la nage lente. Pour éviter que les rames ne se choquent quand elles manquent l'eau, un banc sur deux seulement est armé. Les hommes qui ne souhaitent pas se reposer aident leurs camarades. A deux sur une rame ils font presque autant de force qu'avec une rame chacun. Mais c'est tout juste si nous ne perdons pas de la route en ce moment. Quand Vénitath a ouvert le panneau pour aller voir les rameurs, j'ai entendu le vieux chant dont on comprend à peine le sens :

Orh, orh... Eis, duo, orh, orh...

 Orh, orh... Duo, treis, orh, orh... 

Orh, orh, pentékontorh, hals, hals. 

Hals, hals, ta kumata (1).

Vénitath est allé chercher Leukos, le pilote skanne. Celui-ci dormait à l'avant et il arrive encore tout ensommeillé sur le tillac des kubernétès. Vénitath lui montre la direction où la terre a été aperçue :

(1). Ce chant paraît avoir été inventé pour rythmer l'effort des rameurs pendant une nage lente, mais épuisante: on peut le traduire ainsi :

Rame, rame, une, deux, rame, rame 

Rame, rame, deux, trois, rame, rame, 

Rame, rame, pentécontor, mer, mer, 

Mer, mer, les grandes vagues.

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- Oeu ! dit-il. Mon ami traduit par « terre ». Je veux en savoir plus mais le pilote n'est pas bavard. Je comprends que Vénitath lui demande si c'est la grande île qui est un des buts de notre voyage. Il fait signe oui avec la tête et ajoute :

- Thû-Al !

Alors dans une déchirure de la brume je vois, par-delà l'agalma et la proue, deux rochers en forme de cubes énormes et au-dessus, un cône de neige très pur ressemblant à Strongulé, l'île d'Éole

- Iokoul! dit le pilote skanne. Et il ajoute, en imitant le bruit de la flamme: Feuier 1.

En approchant de la terre, la mer se calme peu à peu. Je fais armer les vingt-quatre autres rameurs et je fais annoncer aux hommes la nouvelle réconfortante. Le kéleustès-chef est allé, sur mon ordre, chercher deux amphores de vin cuit de Massalia et il ranime le courage des rameurs en faisant circuler les gobelets d'étain pleins de la liqueur de Dionysos.

La nage devient plus puissante et les hommes crient en cadence. Moi-même, dans ma joie, j'ai bu avec eux, à leurs gobelets, et j'ai crié aussi :

Hals, hals, Pentékontor, Orh, orh... ! 

1. Pythéas, venant du sud, a aperçu en atterrissant sur l'Islande (Thulé) les îles Westmann et l'Orafajokull, qui est un volcan presque toujours recouvert de glace.

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SOIXANTE-DIX-SEPTIÈME JOUR DU VOYAGE. Thû-Al.

Je vais écrire ce nom Thulé pour les commodités de la langue. Cette terre est bien la dernière à l'extrémité du monde habité. Sur les montagnes, de la neige et de la glace. Pas de ville au fond de ce golfe, mais quelques cabanes qui peuvent servir d'abri aux marins skannes ou bergues que la tempête aurait emmenés jusqu'ici. Pas d'arbres, à peine de l'herbe verte et rase entre les rochers noirs qui paraissent être de même nature que ceux de Strongulé 1. Leukos prétend qu'une des montagnes crache parfois du feu et que la mer bouillonne quand les roches brûlantes se jettent dans l'eau. Je comprends ce qu'il veut dire puisque j'ai vu moi même la mer bouillir dans les îles d'Éole.

Leukos me raconte aussi comment les marins de son pays qui parviennent jusqu'ici pour se livrer à la pêche prétendent obtenir des Dieux du Feu les armes qu'ils désirent: ils jettent dans les montagnes qui crachent les flammes, la quantité de fer non ouvragé qui correspond aux objets en même temps que des perles d'or représentant le salaire du travail et ils vont chercher ensuite l'arme ainsi obtenue.

Je note la similitude de cette croyance avec celle qui parle d'Héphaïstos forgeant les armes de nos Dieux. Les Dieux seraient-ils les mêmes partout? Et ne changeraient-ils seulement que de noms?

Thulé, terre libre, terre sans hommes. Les rameurs sont descendus à terre, mais je les vois errer sur la plage grise : il leur manque la taverne du port !

(1). Stromboli

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Soixante-dix-huitième J0UR DU VOYAGE. Thulé. - II n'y a pas eu de nuit. Le soleil s'est caché pendant un tour de sablier derrière les montagnes, mais le ciel est resté clair comme à Massalia au moment de l'aurore. II fait beau temps, mais il fait froid comme quand le Kertios souffle pendant l'hiver sur les rivages de la mer Intérieure.

J'ai réuni une petite assemblée formée par les deux kubernétès, Vénitath, Leukos, les deux plus vieux rameurs, Tityros et Protis Stentôr, ainsi que Kyanos qui connaît l'état de nos vivres et Xanthos.

Je transcris ici les notes que j'ai prises sur des tablettes pendant ce conseil; je leur ai dit :

- Je veux voir le jour sans fin et connaître la mer au delà de cette terre vers le septentrion. Acceptez-vous de poursuivre le voyage?

- Oui, par Zeus! a crié Protis le Stentôr de sa voix terrible. Nous sommes fiers de t'accompagner, Pythéas et nous devons à Phoibos Apollon un jour entier de prières en le contemplant sur son char pendant son voyage sur le cercle parfait.

- Je vois que tu prends intérêt à mes recherches, Protis, et tu es de plus un homme pieux. Mais tes compagnons de rame seront-ils tous d'accord?

- Tous veulent connaître le secret du soleil, répondit Tityros, même ceux qui ont parfois la nausée et la peur dans le ventre.

Leukos ne disait rien, mais il grognait des sons peu compréhensibles où revenait la syllabe " is ".

- Is, la glace? demanda Vénitath. Muir Kronim? Alors Leukos fit signe qu'il comprenait et hocha la tête pour dire oui.

- Muir Kronim, expliqua Vénitath, la mer gelée. Qui ne voudrait connaître cette merveille?

Seul Leukos ne partageait pas l'enthousiasme de mes hommes. Je devais comprendre pourquoi par la suite.

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SOIXANTE-DIX-NEUVIÈME JOUR DU VOYAGE. Thulé.

Le rapport des nombres du gnomon et de son ombre m'a fait connaître que Thulé est proche du cercle sous lequel le soleil ne se couche plus. II y a autant de distance entre Thulé et Massalia qu'il y en a entre Massalia et le cercle où le soleil éclaire à midi le fond d'un puits profond comme c'est le cas près de Thèbes d'Égypte.

Je suis étonné de trouver des glaces et des sources d'eau chaude voisines les unes des autres comme si les contraires étaient proches partout dans le monde. Et les contraires ne font-ils pas partie d'une seule et même nature? C'est à la mesure de l'homme qu'il y a des contraires, mais sont-ils contraires pour les Dieux? Le chaud et le froid, la nuit et le jour sont-ils vraiment des contraires ou ne sont-ils que deux aspects de la même nature, les deux aspects extrêmes de la dyade? Autant de difficultés qui ne seront jamais résolues. Peut-être parce qu'il n'y a pas à les résoudre.

Dans trois jours, après avoir fait reposer mes hommes et refait - autant que possible - mes réserves d'eau et de vivres, nous partirons, si Leukos nous le dit, vers le Trône du Soleil.

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Quatre-vingtième JOUR DU VOYAGE. - NOUS avons quitté le golfe où nous étions à l'abri dès que le soleil eût reparu après une disparition qui ne dura que le tour d'un sablier.

Il fait beau temps. Il fait froid comme à Massalia pendant l'hiver. Le soleil ne chauffe pas.

Nous longeons la côte de Thulé qui regarde le couchant. Les quarante-huit rames sont armées et j'entends les battements de mains des kéleustès. Les quatre bancs de la proue chantent selon le rythme de la nage. Bientôt les quatre bancs du mât reprendront le chant et ensuite ceux le plus près de la poupe. Enfin ceux qui n'ont pas chanté encore chanteront à leur tour ainsi que le veut la coutume. Et puis on passera aux tambourins. J'ordonnerai la pause après deux heures de vogue. Pour le moment gobelets et pain recuit circulent dans les rangs sans que la cadence s'en ressente. A croire que certains hommes ont trois mains!

Le vent souffle du couchant incliné au midi du monde. Les deux voiles sont gonflées comme les seins d'Aphrodite et l'Artémis est à l'allure du cheval au trot. Si le vent force je ferai rentrer les rames, mais non désarmer les scalmes.

Midi. - Devant nous est tiré un voile gris. Le soleil ressemble à un disque blanc. Le vent tombe. Je fais réarmer les rames. Les hommes sont bien reposés, mais Leukos ordonne la nage lente. II paraît inquiet et envoie Vénitath à la proue en lui répétant: « Is! Is! » Pourtant il ne fait pas assez froid.

Le soir. - En vérité ce n'est le soir que par le compte des heures du sablier. On ne distingue plus que le sommet des montagnes de Thulé et le soleil ne laisse deviner sa couche que par une lueur rougeâtre vers le septentrion.

J'ai pu calculer les différences de hauteur entre midi et le soir et je suis très près des nombres de l'inclinaison du monde. Mon cœur angoissé est plein de joie. Encore une fois je peux noter que les contraires sont voisins : angoisse et joie dans mon cœur en même temps.

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Extrait de Ferdinand LALLEMAND. Journal de bord de Pythéas de Marseille.

 

Glossaire

 

(mise en page à terminer !)

Abalo, Aba-Alo : cf. Basiléia.

Abrinki : populations celtes de la région d'Avranches. 

Abyla : une des deux Colonnes d'Hercule (Gibraltar). C'est celle qui est située sur la côte d'Afrique opposée à Kalpé.

Agatha Polis : la « Bonne Ville». L'actuelle Agde (Hérault). Des vestiges de l'ancienne colonie massaliète ont été réunis au musée.

Agde aurait été aussi nommée selon certains « Agatha Tyché » : la Bonne Chance.

Alalia : colonie phocéenne sur la côte orientale de la Corse. C'est l'actuelle Aléria.

Al-Fiôn : nom punique de la Grande-Bretagne, confondu plus tard en Albion, à cause de la blancheur des falaises de craie.

Ambre : l'ambre paraît avoir eu une valeur bien plus importante dans l'Antiquité que de nos jours. Il est probable qu'on lui attribuait une valeur magique.

Il est plus certain qu'il servait à la fois de parure et de parfum. Certains prétendent qu'il entrait dans la composition de l'orichalque. Cette composition aurait été non pas un alliage, mais une sorte de laque à base d'ambre fondu, ce qui pourrait expliquer les murs des palais homériques enduits ou ornés d'orichalque.

I1 ne faut pas confondre l'ambre gris, sécrétion provenant des déjections des vieux cachalots mâles, qui sert à fixer les parfums, avec l'ambre jaune ou élektron, résine fossile odorante employée encore en bijouterie.

Si on se fie aux prix atteints par certains produits précieux dans l'Antiquité, il se peut que l'ambre ait eu une très grande valeur. Ainsi, par exemple, le grenat, qui est une pierre précieuse de second ordre à l'heure actuelle, était exporté par Massalia qui le faisait venir des îles d'Hyères, au prix de quarante pièces d'or la pierre. 

Apéliote (vent) : nom donné au vent d'est par les Grecs. Apéliote signifie qui souffle du côté d'où vient le soleil.

Aphrodite Pandémos : c'est l'Aphrodite vulgaire ou l'Aphrodite pour tout le monde, la déesse des amours de rencontre.

Aristarché : prêtresse d'Artémis qui accompagna les premiers colons phocéens de Massalia.

Asclépios : ou Esculape, dieu de la médecine.

Ba-Altia, ou Ba-Altis, signifierait en phénicien la mer Royale. Nom qui serait devenu Baltique par la suite.

Basiléia : l'île Royale. Ille dont la position est assez difficile à préciser. Certains voient en elle Héligoland, d'autres, comme G. Broche, Ebelb ou Samland, d'autres enfin Bornholm. C'est Ebelô qui paraît la position la plus exacte, à cause du vocable Aba-Alo qui signifierait l'île Royale en phénicien.

Bélérion : c'est le cap Land's End actuel dans le Pays de Galles.

Byrsa : les laizes de la voile. Le mot a signifié primitivement peau de bœuf. On suppose que les premières voiles étaient en peau. Ensuite les laizes de lin de forme rectangulaire ont gardé le nom.

Emporion : Ampurias (Espagne).

Emporion peut se traduire par entrepôt.

Erythrée : les Anciens nommaient ainsi le sud de la mer Rouge et le rivage de l'océan Indien depuis Socotora jusqu'à Kurrachee.

Étain : la grande valeur de l'étain s'explique par le bronze. Si on place la fin de l'âge du bronze grec ou crétois vers 900 avant J.-C., on se rend compte qu'au IVè siècle le fer ne l'avait pas encore définitivement détrôné.

L'étain est indispensable pour l'utilisation du cuivre, qu'il rend plus dur. Avec le bronze on fait des miroirs, des armes, des statues, des couteaux, des clous pour les navires; le bronze est plus durable que le fer qui se rouille aisément. Aussi seules les épées des soldats seront-elles en fer forgé qui n'est pas encore notre acier.

Euthymène, ou Euthymènes: navigateur massaliète contemporain de Pythéas qui a exploré la côte occidentale d'Afrique.

Fougon : j'ai donné ce nom au fourneau du pentécontor de Pythéas par analogie avec le fourneau des galères du xvi' siècle, sorte de bâti en terre glaise au-dessus duquel on suspendait des chaudrons.

Helvètes : tribu celtique habitant le pays qui forme actuellement la Suisse Romande.

Héméroskopéion : ce mot signifie « la Sentinelle de Jour ». L'emplacement de ce poste massaliète serait celui d'Ifach, selon Martin Almagro. D'autres le placeraient à Péniscola, près de l'embouchure de l'Ebre.

Hippopodes : «les hommes à pied de cheval ». L'explication est donnée dans le Journal de bord.

Hommes Bleus : il ne peut être question ici que d'une peuplade barbare de la Bretagne ( Grande-Bretagne) qui sera désignée ensuite sous le nom de Pictes ou même Pictons (à ne pas confondre avec ceux de la Celtique). Ces guerriers avaient coutume de passer leur corps et leur visage à la poudre de pastel bleue pour avoir un aspect effrayant. (Pline et Pomponius Mela en parleront après Pythéas.)

Hukelna : nom celto-ligure du petit fleuve côtier marseillais Huveaune.

Hypaea : l'île Dernière (en venant de Grèce), l'actuelle île d'If (rade de Marseille).

Hyperboréen : pour les anciens Grecs, étaient désignées par ce nom toutes les populations habitant au nord de la mer Noire. Par la suite, et du temps de Pythéas, ce vocable a désigné tous les peuples du nord de l'Europe : Bretons, Scandinaves, Germains, Gutons, Suèves, Scythes, etc.

Ictis : cette île est certainement l'île de Wight, très proche de la côte anglaise et qu'une chaussée pouvait rejoindre à la terre ferme dans les temps anciens.

Kabaion : golfe ou cap de Bretagne française qui serait proche de Saint-Mathieu : Kalbion.

Kalpé : cf. Abyla. L'actuel Gibraltar.

Kantion : nom ancien du pays de Kent, cité pour la première fois par Pythéas.

Karabe (carabe) : petite embarcation de forme ronde faite d'osier tressé recouvert de cuir.

Katastroma : pont de manoeuvre des anciennes trières, monères et pentécontères. Cf. plan du navire.

Kékylistrion : en celtique, la montagne des eaux. Selon Festus Aviénus, elle pourrait être confondue avec l'actuelle chaîne de la Nerthe, située entre l'étang de Berre et le golfe de Marseille.

Kéleustès : chef des rameurs, bosco. C'était lui qui rythmait la nage avec des coups de sifflet, des chants, des battements de mains ou de tambourin.

Kertios : le Cers, ancien nom du mistral.

Korbilon : ville dont l'emplacement devait se rapprocher de celui de Nantes. Cf. Namnètes.

Laryx : sorte de pin qui pousse en Corse et en Grèce. Libye: l'Afrique du Nord. Maïnaké : colonie phocéenne et ensuite massaliète de la côte méridionale de l'Espagne. On pourrait la localiser, selon Martin Almagro, à Torre del Mar, près de Malaga.

Massalia : nom grec de Marseille. En latin a Massilia x. Ses habitants étaient les Massaliètes ou Massaliotes.

Mastrabalé, ou Mestramalé : ville celto-ligure dont l'emplacement pourrait se situer au dessus de l'actuel Calissane, sur les bords de l'étang de Berre. De très importants vestiges de remparts sont encore visibles.

Mentonomon : selon Adelung et Arvedson, ce nom serait tiré du vieux scandinave « Men Tunum » qui signifierait le « passage de la mer ». Il semblerait que Pythéas ait voulu indiquer ici les détroits qui font communiquer la Baltique et la mer du Nord. Par extension, certains écrivains anciens ont donné ce nom à la Baltique tout entière. 

Namnétes : nom d'une tribu celtique qui vivait dans la région de Nantes. Elle aurait eu pour capitale Korbilon.

Néarque : amiral d'Alexandre le Grand qui ramena une partie de l'armée macédodienne depuis les bouches de l'Indus jusqu'à celles de l'Euphrate.

Océan: les Anciens désignaient sous ce nom toutes les mers qui entouraient le monde connu, en dehors de la Méditerranée.

Ostidamniens : nom donné par Pythéas aux peuples de la Bretagne française.

Ourse : nom de deux constellations, la Grande et la Petite Yurse. A l'époque de Pythéas, l'étoile polaire actuelle n'indiquait pas encore le pôle. Celui-ci formait un quadrilatère avec une constellation de trois étoiles; ainsi, à l'emplacement du pôle, il n'y avait aucune étoile.

Panotes, ou Panoti.s : les « Tout-Oreilles n, peuplade de Scythie. (Cf. Journal de bord.)

Parménon : nom d'une famille de navarques dans l'ancienne Massalia.

Puniques : nom généralement donné aux Carthaginois et aux colons africains d'origine phénicienne (Poeni).

Rhodé : ancienne colonie rhodienne proche d'Emporion (Ampurias), en Espagne. C'est très probablement l'actuelle Rosas. L'emplacement exact n'a pas été repéré.

Scalmes : tolets ou dames de nage. En provençal « scaumo ». Tout ce qui sert à supporter une rame.

Scythes : nom généralement donné à l'ensemble des peuples de l'actuelle Russie.

Stadiasmos : portulans, cartes marines des Grecs où étaient notées des distances.

Tartessos : position phénicienne de la région de Gibraltar, sur l'Atlantique.

Tauroménion : l'actuelle Taormina, en Sicile.

Tingis : l'actuel Tanger. 

Thulé : dériverait, selon Adelung, de Thu-A1 : la « Terre du Nord ». Casaubon et Broche l'assimilent à l'Islande. D'autres, comme R. Busquet, voudraient la placer dans la région de Trondhjem, en Norvège.

Trézène : il s'agit ici de la colonie massaliète qui était située sur l'emplacement de l'actuelle Trets (Bouches-du-Rhône).

Utriculaires : mariniers manœuvrant des radeaux portés par des outres (utricula).

Présentation de la quatrième page de couverture : 

PYTHEAS DE MARSEILLE, géographe, mathématicien, voyageur, cosmographe, vécut au IVè siècle avant Jésus-Christ. II fut un contemporain d'Aristote et d'Alexandre le Grand dans cette "belle époque" où la pensée scientifique et philosophique était à son apogée dans le monde grec.

On lui doit la détermination par le rapport entre l'ombre du gnomon vertical et la hauteur de celui-ci de la distance équatoriale de Marseille à quelques mètres près, celle du pays de Kent et celle du cercle polaire. Pour vérifier ses calculs il entreprit son voyage « Autour de l'Océan » qui eut pour conséquence de faire connaître au Monde antique l'actuelle Angleterre, la lointaine Thulé qui est certainement notre Islande, les abords de la banquise et la Scandinavie.

Sa relation fut perdue probablement dans l'incendie de la bibliothèque d'Alexandrie mais il nous en reste des fragments recueillis par Andréas Arvedson d'Upsal, en 1854, qui proviennent de ses détracteurs dont le plus important fut Strabon qui le traite constamment de menteur.

Ferdinand LALLEMAND, par des recoupements avec les résultats des fouilles de Marseille et les textes anciens, après avoir refait deux fois le voyage de Pythéas, nous livre la reconstitution de ce journal de bord : autour de l'océan. Cette nouvelle édition se place après un récent voyage d'études en Islande et les nouvelles fouilles du port antique de Marseille et après les journaux de bord de Maarkos Sestios et de Hannon le Carthaginois reconstitués aussi par cet archéologue-écrivain.

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